Le confinement a mis en lumière un phénomène dont on parlait peu : le burn-out parental. Durant plusieurs semaines, les familles se sont retrouvées en vase clos, isolées de leurs habitudes de vie et de leurs lieux ressource (crèches, écoles, centres de loisirs…). Les familles ont par conséquent dû faire face à une réorganisation familiale entre accompagnement des enfants et télétravail. Tout cela en respectant les restrictions de sortie ! Pas simple !
Longtemps associé au monde professionnel, le burn-out trouve aujourd’hui sa place au sein du cocon familial. Nous allons voir ensemble qu’est-ce que le burn-out parental ? Quels sont les symptômes ? Mais également comment s’en sortir lorsque l’on est enfermé dans ce cercle vicieux ?
Sommaire
- Qu’est-ce que le burn-out parental ?
- Burn-out parental, baby-blues, dépression du post-partum: comment les différencier ?
- Les personnes à risque
- Quelles solutions pour s’en sortir ?
Qu’est-ce que le burn-out parental ?
D’après la définition du Larousse, le burn-out est un syndrome d’épuisement physique et psychique intense, durant lequel la personne ressent des sentiments d’impuissance et de désespoir.
Il se différencie d’une fatigue passagère. Le burn-out parental s’installe progressivement, il ne survient pas du jour au lendemain.
Trois symptômes principaux permettent d’identifier un burn-out parental :
- de l’épuisement :
– physique,
– cognitif (ne plus arriver à réfléchir, le parent répète automatiquement les gestes du quotidien),
– psychique (émotionnel). - une perte d’épanouissement dans son rôle de parent : envie de fuite.
- une distanciation affective envers son enfant. Dans cette distanciation, le parent vient inconsciemment se protéger de la relation qui est devenue trop difficile à gérer et trop stressante pour lui.
Le stress devient omniprésent dans la relation enfant-parent. Auquel peuvent s’ajouter des troubles du sommeil, des troubles de l’alimentation, un isolement progressif mais également des sautes d’humeur.
Le parent a de plus en plus de difficultés à réguler ses émotions, un terrain propice aux conflits avec l’enfant mais également avec le compagnon de vie.
Ces différents facteurs peuvent donc avoir des répercussions sur la vie de couple qui est mise à rude épreuve avec de nombreux conflits.
Dans ces conditions, l’environnement devient anxiogène, le parent ne dispose plus de suffisamment de ressources pour équilibrer moments désagréables / moments de plaisir.
Burn-out parental, baby-blues, dépression du post-partum: comment les différencier ?
Un premier élément caractéristique du burn-out permet de l’identifier : il est contextualisé. C’est-à-dire qu’il apparaît dans un aspect de la vie de la personne qui en souffre (vie professionnelle, vie familiale). C’est pourquoi nous parlons de burn-out professionnel où de burn-out parental.
Plusieurs autres caractéristiques permettent de différencier le burn-out parental du baby blues ou de la dépression du post-partum.
Le baby-blues est un état de confusion entre joie et tristesse ressenti généralement vers le troisième jour après l’accouchement. C’est un état passager qui ne dure pas plus de quelques jours. Il est dû notamment à la fatigue, à la chute des hormones de la grossesse mais aussi au bouleversement psychologique lié à ce nouveau statut de parent.
La dépression du post-partum quant à elle, est plus grave que le baby-blues et s’inscrit sur une période plus longue. Cette dépression est considérée comme une maladie qui survient dans les 12 mois après la naissance. La dépression du post-partum se caractérise par un état émotionnel instable, une grande anxiété et la peur de perdre le contrôle de ses actes.
Les personnes à risque
Le burn-out parental est en augmentation au sein de notre société. Cela s’explique par le fait que la place de chacun a évolué au sein de la famille. L’enfant occupe désormais une place centrale. Les parents recherchent la perfection pour leur enfant, leur vie professionnelle et sociale. Ce souhait devient un enjeu qui est alimenté par les regards extérieurs. L’image du parent “parfait” qui transparaît dans notre société (à travers les publicités ou les réseaux sociaux) met une forte pression sur les parents.
Certains d’entre eux, plus sensibles au regard de l’autre et aux jugements vont se retrouver submergés par cette exigence. Ils vont alors culpabiliser de ne pas arriver à faire ce que tant de parents réussissent (apparemment) haut la main. Cela va alimenter un sentiment d’échec et d’être un “mauvais parent”.
Ces personnes seront donc plus à risque d’être confrontés au burn-out parental. C’est également le cas des personnes sujettes au stress, les personnes perfectionnistes ou ayant peu confiance en elles.
Aujourd’hui, les femmes sont plus touchées par le burn-out parental. Le risque de souffrir de ce syndrome est majoré lorsqu’au sein du couple elles assument seules l’accompagnement de l’enfant (entrée/sortie d’école, préparation des repas, bain, coucher …). Le risque s’accroît lorsqu’elles ont une activité professionnelle. N’oublions pas que les pères peuvent également être atteints par le burn-out parental pour les mêmes raisons. De plus, les mères/pères célibataires sont également des personnes à risque.
Enfin, le burn-out parental peut toucher toutes les familles quelle que soit leur situation sociale et économique. Un épisode de vie plus sensible peut être un facteur favorisant le burn-out parental. Les jeunes parents ne sont pas les seuls concernés, ce syndrome peut survenir que l’on ait un enfant où trois !
Quelles solutions pour
s’en sortir ?
Les premières démarches à intégrer à votre quotidien
La première étape pour s’en sortir (et là je vais vous surprendre !) est d’identifier que l’on souffre de burn-out parental. Ce ne sera d’ailleurs pas forcément la personne qui en souffre qui pourra le verbaliser mais éventuellement son entourage ou son médecin. En effet, le parent peut taire son état à ses proches par honte. C’est un changement soudain de comportement qui va alors alerter l’entourage.
Les réponses pour se sortir du burn-out parental peuvent être :
- en parler à une personne de confiance qui est à l’écoute (d’autres mères/pères que ce soient des amis, de la famille, un(e) voisin(e), la boulangère …). Echanger avec d’autres parents vous permettra de déculpabiliser. Vous vous rendrez compte très rapidement que les parents parfaits n’existent pas et que chacun fait de son mieux.
- Entamer une démarche positive de remise en question, apprendre à réguler ses émotions, en anticipant les situations que l’on sait avoir des difficultés à surmonter.
- Revoir ses priorités et déléguer certaines tâches : s’allier à la personne qui partage votre vie, pour les familles monoparentales : se tourner vers sa famille, ses amis proches qui peuvent apporter un soutien.
- S’entourer : avoir des personnes relais : voisins, grands-parents, oncles/tantes … pour garder le(s) enfant(s).
- Remplir son réservoir à bonheur et celui de son enfant en passant de bons moments ensemble : trouver – retrouver un équilibre entre moments de frustration / moment de plaisir avec les enfants.
- Se dégager du temps rien que pour vous et reprendre une activité qui vous ressource (sport, détente, sortie entre amis…).
Pour aller plus loin
- Participer à des groupes de parole.
- Etre accompagné par un professionnel : psychologue qui sera à votre écoute et vous permettra de prendre du recul, coach parental qui vous aiguillera sur l’étape de développement dans laquelle se situe votre enfant afin de comprendre ce qu’il traverse et quelles peuvent être les réponses à lui apporter.
- Lectures : “Le burn-out parental, l’éviter et s’en sortir” de Moïra MIKOLAJCZAK et Isabelle ROSKAM, “Mères épuisées” de Stéphanie ALLENOU.
Afin d’identifier si vous souffrez de burn-out parental il est également possible de :
- télécharger une application mobile gratuite “Dr MOOD Burn-out parental”. Sur cette application les parents peuvent remplir un questionnaire afin d’évaluer où ils se situent par rapport au burn-out parental.
- Enfin, il existe le site https://www.burnoutparental.com/s-en-sortir qui propose également ce service.