Votre enfant fait des colères ou des caprices ? Vous vous demandez pourquoi ?
L’enfant passe par différentes phases au cours de son développement. A environ 15/18 mois, les enfants traversent ce que des spécialistes de la petite enfance ont identifié comme la “phase d’opposition”. C’est une période parfois déroutante pour les parents qui ne savent plus comment répondre.
L’enfant veut faire « tout seul ! » et décider de tout (vouloir maman pour prendre son bain, vouloir un gâteau avant l’heure du repas…). A cette période, il est capable d’exprimer clairement ses envies et ses besoins, qui sont souvent différents de ceux de ses parents.
Il crie, pleure, tape, se roule par terre… Ce que l’adulte interprète rapidement comme des colères ou des caprices.
Sommaire
- Pourquoi mon enfant fait des « colères » et des « caprices » ?
- Quand le quotidien devient difficile
- « Tu ne fais que des caprices ! » : Attention à l’interprétation
- Comment accompagner mon enfant lorsqu’il est en colère ?
- Pour aller plus loin
Pourquoi mon enfant fait des « colères » et des « caprices » ?
Chaque situation est singulière. Observons de plus près ce qui se passe au moment de la crise.
Nous allons d’abord nous poser quelques questions : Que s’est-il passé pour lui ? Quelles sont les raisons de son opposition ?
- il ressent de la frustration.
- mon enfant est en désaccord.
- il y a une incompréhension entre l’adulte et l’enfant (par exemple vous lui dites : “On ira au square plus tard”. Il n’obtient pas de satisfaction immédiate à sa demande ce qui crée de la frustration. De plus, la notion de temps n’est pas encore définie pour lui, son cerveau retient donc : “On ne va pas au square”).
- la réalité de l’adulte n’est pas forcément la même que celle de l’enfant (retard au travail, il ne veut pas venir à table car il est en train de jouer …).
Ces « colères » et « caprices » viennent nous montrer le désir d’autonomie et de décision de l’enfant. Parallèlement, il construit son identité et s’affirme. Le « Non » / l’opposition est alors une manière de se différencier et de se positionner en tant qu’individu ayant ses propres désirs.
Quand le quotidien devient difficile
Parfois, les confrontations peuvent être virulentes. L’enfant semble défier l’adulte du regard, enfant et adulte se sentent heurtés. Avec la répétition de ces expériences, un rapport de force peut alors s’installer et entrainer la famille dans un cercle vicieux.
Changeons de perspective : la question à se poser n’est pas qui va “gagner” (l’enfant ou l’adulte) ? Il s’agit plutôt d’installer des règles constantes et de les expliquer à l’enfant. Signifier à l’enfant que l’on comprend son besoin et que l’on entend son envie sans pour autant changer de ligne directrice.
Ne pas oublier que l’enfant ne dispose pas encore de toutes les stratégies de communication. Il se débrouille comme il peut et le “non” peut alors s’avérer très efficace !
« Tu ne fais que des caprices ! » : Attention à l’interprétation
Ses attitudes et ses exigences peuvent être interprétées par les adultes comme des « caprices ». Dans l’imaginaire collectif, un enfant “bien éduqué” c’est un enfant sage, poli et souriant. Ce qui ne manque pas de mettre la pression aux parents !
Un enfant de moins de 2 ans ne fait pas de “caprices” mais des expériences qui vont lui permettre d’apprendre comment appréhender son environnement. L’enfant cherche à comprendre pourquoi cette règle existe. Il va avoir besoin de la vérifier par la répétition et de comprendre ce qui se passe si on l’enfreint.
La réponse et la réaction de l’adulte vont donc être déterminantes. C’est également une manière pour l’enfant de savoir jusqu’où peut aller son autonomie. Lorsqu’on a conscience de cela, les situations de crise peuvent être désamorcées.
Attention ! On ne transige pas avec les règles qui concernent la sécurité mais certaines règles peuvent être plus souples. Votre enfant à besoin de vous pour différencier ce qu’il a le droit de faire de ce qui lui est interdit. La constance de ces règles va participer à construire son sentiment de sécurité lorsqu’il sera avec vous.
De plus, donner des limites à l’enfant contribue au processus de socialisation : il va intérioriser les règles de vie sociale et apprendre à tolérer la frustration.
Comment accompagner mon enfant lorsqu’il est en colère ?
Prenons un peu de recul et posons nous ces questions :
- Que dit l’enfant de son besoin ?
- Qu’est-ce qui se passe pour lui à cet instant T ?
- Ce que je lui demande est-il adapté à ses capacités ?
Par où commencer ?
- Anticiper : prévenir l’enfant quelques minutes plus tôt qu’il va bientôt devoir quitter le square et rentrer à la maison afin qu’il puisse s’y préparer. Donner des repères concrets et adaptés à sa compréhension est plus parlant pour lui : “Tu fais trois tours de toboggan et après on rentre à la maison”.
- Se “reconnecter” avec lui : se mettre à sa hauteur, échanger des regards et des paroles.
- Faire preuve de compréhension, d’empathie: “Je comprends que tu sois déçu” l’enfant se sentira écouté et soutenu dans ce qu’il ressent, ce qui pourra l’aider avec le temps à accepter et mieux vivre cette frustration.
- Expliquer ce qui se passe : « nous devons rentrer à la maison tout de suite parce que… ».
- Souligner les alternatives, proposer des choix (par exemple: il ne veut pas mettre son manteau : lui laisser la possibilité de choisir s’il veut mettre la veste bleu ou le ciré rouge) : le laisser décider lui laisse une marge d’autonomie.
- Rêver avec l’enfant (l’enfant veut le vélo dernier cri : imaginez avec lui : “Où est-ce que tu irais avec ?”).
- Tenir parole pour les interdictions mais aussi les promesses.
Il est difficile pour vous de mettre en application toutes ces propositions au quotidien ? Vous avez tout essayé ? Il existe des professionnels de la petite enfance qui peuvent vous accompagner concrètement dans votre démarche. C’est ce que l’on appelle le coaching parental.
Pour aller plus loin.
- Y a t-il trop de règles ou d’interdits dans la vie de l’enfant ? Parfois, les paroles de l’adulte le freine systématiquement : “Ne cours pas, ne cris pas, ne dis pas ça…”. En optant pour des paroles positives et une éducation bienveillante vous pouvez diminuer les frustrations de votre enfant, et ainsi, adoucir le quotidien de votre famille.
- L’enfant dispose t-il d’espaces de jeu pour se défouler dans lesquels il décide lui même des règles qu’il faut respecter ?
- Dans certaines situations difficiles, faire appel/passer le relais à une tierce personne qui va venir en soutien de nos paroles peut être soulageant pour l’adulte.
L’opposition de votre enfant est donc une étape à franchir dans sa construction psychique.
Pas de panique ! Vous êtes en capacité de trouver les réponses qui conviennent à votre enfant. Il est vrai que s’opposer à la volonté de l’enfant peut parfois faire peur ! Vous vous demandez peut-être : “Mon enfant m’aimera-t-il toujours autant après cela ?”, vous vous dites : “Je ne veux pas le traumatiser, ni le faire souffrir !”. Toutefois, nous savons aujourd’hui qu’il est dans l’intérêt de l’enfant d’être écouté lorsqu’il ressent de la frustration mais aussi d’évoluer dans un cadre sécurisant fait de règles stables. A l’adulte de trouver le juste milieu.